Transcription : avant d’analyser les entrevues réalisées dans le cadre de la recherche, il convient de les transcrire c’est-à-dire d’écouter l’enregistrement de l’entrevue (quand la personne interrogée a accepté d’être enregistrée) et d’en mettre le contenu par écrit. Quand il n’y a pas d’enregistrement, alors il faudra mettre de l’ordre dans les notes en respectant le plus fidèlement possible l’esprit de l’entrevue.

Il y a plusieurs méthodes de transcription que l’on choisira selon l’objectif de la recherche. Dans tous les cas il est important de ne pas choisir ou écarter les réponses qui ne sont pas celles qui étaient attendues mais de refléter le plus fidèlement possible le contenu complet de l’entrevue réalisée. Cependant on peut choisir entre :

Analyse : en allant à la recherche des consensus, des questions qui se dégagent, des problèmes soulevés dans tout ce qu’ont apporté la recherche documentaire et les entrevues, on va comprendre si on a toute l’information qu’il faut. Ensuite on décidera s’il faut aller chercher des informations complémentaires.

Saturation : La cueillette des informations est finie quand il y a une répétition dans les observations faites par les participants et que l’éventail des différentes opinions est couvert.

Puis, il s’agit de construire une compréhension de la réalité, du thème que l’on cherche à approfondir. « L’analyse entend produire une synthèse explicative des informations recueillies »1. À partir de la question de recherche, les données permettent de construire une réponse. Cette réponse n’est pas toujours celle qui était attendue. Il est possible que les résultats de la recherche nous dérangent et qu’ils forcent à remettre en question les idées et les opinions de départ.

Une fois l’analyse avancée, les conclusions tirées, vient la période de la validation avec les participantes au projet. Cela ne permet pas seulement de vérifier si les informations ont été bien comprises, mais c’est également l’occasion de partager les résultats préliminaires avec les personnes impliquées.

  • La transcription intégrale (verbatim) : tout est noté, y compris les hésitations, les répétitions, les erreurs grammaticales. Elle note aussi les rires et les ambiances. Ce genre de transcription n’est pas toujours nécessaire. Elle est plus longue et ardue à réaliser mais elle est particulièrement pertinente quand on fait de l’analyse de discours ou de vocabulaire et lorsqu’on veut se pencher sur les interactions (entre l’intervieweur-se et l’interviewé-e-s  ou entre les participations à un groupe de discussion).
  • La transcription intégrale épurée : On note tout mais sans les hésitations, les répétitions ou les rires.
  • La transcription reformulée : Le contenu est fidèlement retranscrit mais il est rédigé dans un style écrit. C’est-à-dire que l’on ne note pas les hésitations, répétitions ni les rires mais on corrige les erreurs grammaticales ce qui rend le compte-rendu plus facile à lire.
  • La transcription synthétisée : Le contenu n’est pas repris en totalité mais on note les points essentiels. Ce genre de transcription peut être intéressant si la recherche compte un grand nombre d’entrevues et que seuls certains points très précis doivent être pris en compte, mais il y a un risque d’écarter des éléments qui ne semblent pas importants à première vue mais qui pourraient le devenir à la lumière d’autres informations obtenues plus tard dans la recherche.
[1] Jean-Pierre Deslauriers

Il est important de faire les transcriptions rapidement après la réalisation des entrevues afin de bien comprendre le contexte dans lequel les informations ont été données. Il est également important de noter le profil de la personne interrogée (ex : femme aînée, élevée dans le bois, grand-mère…)

Analyse : une fois la  phase de collecte de données  terminée, comment analyser toutes ces entrevues maintenant retranscrites,  toutes ces notes et lectures  provenant de livres, articles, discussions informelles, observations ou entrevues? Il n’est pas rare  de se sentir un peu dépassé par toutes ces pages de transcriptions et de notes. Ces documents renferment pourtant de riches données qui permettront de répondre aux questions de recherche. Pour éviter de s’y perdre et parvenir à bien faire émerger ces éléments de réponses, il s’agit de procéder de façon méthodique. C’est ce que l’on appelle la phase d’analyse des données. « L’analyse entend produire une synthèse explicative des informations recueillies ».

Analyser, c’est classer, répertorier, synthétiser, catégoriser les informations. C’est valoriser de manière organisée la parole de nos interlocuteurs.  Et c’est cette parole qu’il est important de retrouver dans le rapport final. Une bonne analyse facilitera grandement la présentation des résultats et l’écriture du rapport.

L’analyse peut se faire tout au long de la recherche afin de demeurer à l’affût des éléments imprévus pouvant surgir en cours de recherche et même amener  à modifier certaines questions de recherche ou à ajouter de nouvelles entrevues pour combler l’information manquante. Ces constats et décisions devraient d’ailleurs être notés dans le journal de bord.
Vient cependant un moment où il est temps de faire le point sur les informations recueillies et  les analyser de façon systématique : y a-t-il des tendances? Y a-t-il des divergences? Que peut-on comprendre des témoignages et notes colligées?

Une des façons d’organiser l’information et de la classer, consiste à la découper selon des thèmes ou sous-thèmes qui peuvent aider au processus d’analyse. Certains thèmes peuvent avoir été choisis au moment de définir le sujet de recherche et la problématique, mais il va s’en ajouter en cours de route et lors de la lecture des entrevues, car les informations recueillies et les témoignages des gens interviewés vont modifier ces choix et les bonifier.
Pour organiser et classer l’information, chaque chercheuse développera sa façon personnelle de fonctionner. Généralement on identifiera quels paragraphes ou phrases des transcriptions se réfèrent aux thèmes que l’on a identifiés, soit en écrivant dans la marge ou alors par un code de couleur (en surlignant les passages pertinents). On peut ensuite décider de regrouper tous les passages de toutes les entrevues sur un même thème pour nous donner un portrait de ce qui a été dit sur ce thème ce qui facilitera l’analyse.

Si un des thèmes est par exemple le territoire, on inclura tout ce qui, dans les entrevues, se réfère au territoire, et ce, sans discrimination : « notre territoire ce n’est pas seulement la communauté, il va bien au-delà » ou « moi je me sens bien quand je suis dans la communauté, c’est mon lieu » « pour moi c’est dans le bois que je me sens chez moi » etc. En regroupant toutes ces références au territoire on peut alors faire l’analyse : pour certaines personnes, le territoire c’est d’abord la communauté comme lieu d’identification, pour d’autres c’est en dehors de la communauté, dans le bois.

Il faudra ensuite réfléchir à la façon dont les données répondent à la question de départ, ou suggèrent de nouvelles questions. Pour revenir à l’exemple précédent, on conclura peut-être que la relation au territoire varie selon les individus ou les communautés. Il est souvent judicieux de prendre un temps de recul avant de tirer des conclusions d’analyse afin de se laisser le temps de mûrir et approfondir sa réflexion.

Saturation : la cueillette des données est terminée quand il y a une répétition dans les témoignages des participants et que l’éventail des différentes opinions est couvert.  Bref, quand à travers toutes les données, il n’y a plus de nouvelles réponses, de nouveaux éléments pouvant modifier l’analyse.

Puis, il s’agit de construire une compréhension de la réalité, du thème que l’on cherche à approfondir. À partir de la question de recherche, les données permettent de construire une réponse. Cette réponse n’est pas toujours celle qui était attendue. Il est possible que les résultats de la recherche nous dérangent et qu’ils forcent à remettre en question les idées et les opinions de départ. Ceci est loin d’être un échec! C’est la richesse même du processus de recherche!

Validation : lorsque l’analyse est suffisamment avancée et que certaines conclusions commencent à être tirées, vient la période de la validation avec les participant(e)s au projet. Cela ne permet pas seulement de vérifier si les informations ont été bien comprises, mais c’est également l’occasion de partager les résultats préliminaires avec les personnes impliquées.

La validation prend généralement la forme d’une rencontre avec les participant(e)s. Dans certains cas on choisira de regrouper les participantes, dans d’autres on choisira de les rencontrer une à une. L’avantage d’une rencontre de groupe est de permettre un moment de partage et de confronter les informations. La rencontre de validation est aussi l’occasion d’aller chercher des précisions manquantes au moment des entrevues. C’est enfin l’occasion pour les participantes de participer aux conclusions et à l’analyse. La validation est un moment très intéressant de la recherche.

Vérifier que les thèmes retenus couvrent tous les aspects de la question de recherche.

Trouver une façon d’ordonner les informations selon les thèmes

Bâtir les réponses à la question de recherche à partir de ces informations

Procéder à la validation auprès des personnes participantes.